Maison Seigneuriale - Guadosalam

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Me voilà de nouveau devant la lourde porte de ma demeure. Car elle m'appartient, à présent que mon père n'est plus. Je regrette sa mort, en un sens. Les derniers mois à ses cotés ont été agréables, je dois bien l'avouer. Mais malgré les apparences, je n'ai pas oublié sa véritable nature, ni comment il a laissé ma mère mourir. Non, même au bout de tant d'années, je n'ai jamais oublié. Et j'ai fait mon devoir...

J'entre dans ma maison et referme la porte derrière moi. Dehors, Guadosalam se réveille à peine. Je n'ignore pas que ma présence est nécessaire aux yeux de mon peuple, qui voit en moi l'héritier de mon père, chef des Guados. Dieu, s'ils connaissaient les véritables circonstances de son décès, peut être ne m'accorderaient ils pas cette confiance aveugle.
C'est pourquoi la vérité doit être dissimulée, du moins jusqu'à ce que les pions soient mis en place sur l'immense échiquier de ce monde.
Je monte les marches des escaliers, sans un regard aux portraits de mes ancêtres qui ornent les murs de la salle, et qui semblent me suivre des yeux d'un air désapprobateur. Eux non plus ne m'auraient pas laissé vivre ici s'ils l'avaient pu. Mais aujourd'hui, alors que j'erre encore sur cette terre, eux restent figés dans l'Au-delà, plongés dans un silence éternel.
Ils ignorent mes desseins, bien sûr. Et, le sauraient-ils, ils ne peuvent plus intervenir.

J'entre dans ma chambre et, d'un geste nonchalant, fait jaillir le feu des lanternes, éclairant la pièce d'une lumière tamisée. Mon voyage a été long pour revenir jusqu'ici, et il me faut encore prendre du repos.
Je m'allonge sur le lit, observant les reflets violets du plafond. Avant de sombrer dans le sommeil, ma dernière pensée est pour ma mère, et pour ce qu'elle est devenue. Yévon sait qu'elle n'avait pas mérité ça.